Des effluves de chêne affinés

ARTICLES JOURNAL VLAN  vendredi 5 avril 2019 Vlan

CHIMAY | La Brasserie de Chimay a profité du salon Horecatel, à Marche-en-Famenne, pour dévoiler la cinquième version de sa trappiste Bleue fermentée en barriques. On peut déjà parler de retour aux sources pour la plus puissante des Chimay, puisqu’elle reprend la recette initiale, celle où la bière fermente durant 5 mois dans des fûts de chêne vierge. Le goût boisé du breuvage houblonné est cependant nettement plus affiné qu’en 2015.

Après avoir baigné dans des barriques ayant contenu du cognac, du rhum, puis, l’an dernier, du whisky, la Chimay Bleue, dans sa version 2019 «améliorée», renoue avec la formule initiale, quand la bière fermentait quelques mois dans des barriques de chêne vierge. La différence, c’est que la maturation du produit est mieux maîtrisée qu’en 2015, et les goûts affinés. Cette Grande Réserve fleure bon le chêne, mais cette note boisée est beaucoup plus discrète qu’il y a quatre ans.

«La différence avec les brassins de 2015, c’est que les barriques qu’on a utilisées cette fois en étaient à leur seconde et non plus première utilisation», explique Fabrice Bordon, «brand ambassador» à la Brasserie de Chimay.«Si on a réédité cette cuvée initiale, c’est notamment parce qu’avec 14.000 bouteilles, on n’avait pas pu contenter tout le monde.»

Les «moines» ne sont peut-être pas non plus tombés sur une association intéressante avec un nouvel alcool pour cette maturation inédite.

«C’est vrai qu’on a fait des tests avec du porto, mais le résultat était beaucoup trop sucré», indique Fabrice Bordon. «On a aussi testé le calva, mais il est trop fruité. Ici, on est sûr de la qualité de notre produit. On était aussi très content de l’association en 2018, avec le whisky Belgian Owl, qu’on renouvellera peut-être d’ailleurs à l’avenir. Et il n’est pas interdit de penser qu’on proposera une association avec un nouvel alcool l’an prochain.»

La réserve de Bleue au whisky n’est d’ailleurs pas tarie, puisque 10.000 bouteilles sont encore disponibles. «Vous pourrez notamment les trouver dans un coffret reprenant la trilogie cognac-rhum-whishy», souligne notre interlocuteur à ce sujet.

La cuvée 2019, elle, accouchera de 70.000 bouteilles: la version 75 cl tournera autour des 17€, tandis que le flacon de 37,5 cl sera vendu juste en dessous de la barre des 10€.

Au-dessus des 10% d’alcool

«On a commencé à livrer les cavistes et autres épiceries fines cette semaine», révèle Vincent Carton, directeur du marketing. «Cette Bleue fermentée en barriques, qui reste un produit exclusif et ne se retrouvera pas dans les rayons de la grande distribution, devrait être disponible dans les tout prochains jours.»

On est ici sur une bière atypique, présentée comme un pur produit de dégustation, qui titre d’ailleurs, comme ses consœurs «enrichies», à 10,5º contre 9º pour la Bleue traditionnelle.

«Après le visuel, avec une belle qualité de mousse, on perçoit, au nez, des arômes de vin rouge avec ce goût de bois vert typique du chêne français», détaille Fabrice Bordon. «La première attaque en bouche révèle des notes de vanille et de fumé liées au chêne américain. En fin de bouche, on découvre la nature du spiritueux utilisé quand c’est le cas, mais, ici, en arrière-goût, on retrouve les saveurs rondes et complexes de la Chimay Bleue, comme on les connaît.»

Le brassin actuel, réparti dans 180 barriques, fait, comme ses prédécesseurs, l’objet de deux sous-tirages: le premier a été réalisé en février dernier, tandis que le second est programmé en août, quelques jours avant le grand salon flamand de l’Horeca, à Gand.

Cette production reste évidemment marginale pour la Brasserie de Chimay, qui, sans oublier ses 960 tonnes de fromages annuelles, a produit, en 2018, 186.000 hectolitres de bières trappistes.

«On ne vise pas la quantité à tout prix, car on pourrait monter jusqu’à 220.000 hectolitres par an, mais plutôt la constance de produits connus et appréciés de longue date», termine M. Bordon. «Et à travers le monde entier, puisqu’on exportait la moitié de notre production dans 45 pays en 2001 et qu’on en est désormais à 60% et 67 destinations à l’étranger.»

Un business qui permet de faire vivre 135 personnes rien que sur le volet Brasserie de la marque Chimay et qui enrichit toute une région, puisqu’une bonne partie des bénéfices profite à des œuvres sociales.

Jean-Luc Papart

Vlan

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