MALMEDY |
Oui, si on la faisait revivre dans notre vieux Cwarmê, la fameuse «Marèye-Droûsse» que l’on n’a plus jamais vue depuis des décennies, pour ne pas dire un siècle.
L’incontournable Henri Bragard en parle (dans Wallonia 1899) en ces termes: « C’est aussi le mardi gras que l’on reconnaît l’antique Cwarmai malmédien; c’est alors qu’on voit la «sâvadje haguette» armée d’un balai à long manche poursuivre une Marèye-Droûsse (homme travesti en femme du peuple) qui, tout égarée, fend la foule en jetant de hauts cris. Elle entre dans les maisons comme un tourbillon, renverse tout, se cache derrière les meubles; la haguette, toujours à ses trousses, la découvre; comme un trait, celle-là saute par la fenêtre en criant: «Ayou haguette, dju n’a nin pawe du vos!» (je n’ai pas peur de vous). Et celle-ci de la suivre en criant: «Rawâde va, canaille, dju t’ârès» (attends va canaille, je t’aurai).».
En 1924 (Foklore Eupen-Malmedy-St. Vith), le même H. Bragard remet le couvert et parle de Marèye-Droûsse en ces termes: « La Marèye-Droûsse ou Mâssîe-Droûsse fut autrefois l’animateur principal et le masque typique de notre Mardi-Gras. Contrairement à la Djoupsène, Marèye-Droûsse s’est éteinte d’une mort naturelle et il me semble que déjà on en ait perdu jusqu’au souvenir. Cependant, il nous souvient l’avoir vue encore il n’y a pas plus de QUARANTE ANS, qui courait, éperdue, par les rues, dans son accoutrement déguenillé de salope, à ses trousses la haguette qui la chassait à coups de balai. Elle se précipitait dans la première porte trouvée ouverte, dans la première maison venue, y bousculait les gens et les meubles en vue de se soustraire aux poursuites et aux coups de la haguette, èt sur le point d’être prise, s’élançait par la fenêtre, toujours narguant son persécuteur d’un ironique «Aieou haguette, dje n’ai né paw’ di veus» débité avec l’accent xhofferlain (sic)…»
À propos de cet accent, Elisée Legros dit ceci (La Vie Wallonne 1963): « Notons que le parler de Xhoffraix paraît dans cette phrase plus caricatural que réel, avec des traits de l’Est, vers Robertville, Sourbrodt, Waimes et Faymonville et même un «di» qui n’est de nulle part dans le voisinage… »
Maurice Lang, l’historien, déclare que: « Le masque de Marèye-Droûsse fit l’objet dès 1811 et 1814 d’interdits de police, ainsi que le sâvadje, masques qui dégradent l’homme et inspirent l’effroi, l’horreur et blesse la bienséance ». Va-t-on revoir – après environ un siècle d’absence –, un duo recréer ce masque ma foi bien dans les cordes du caractère malmédien…? Le défi est lancé!
SYM.
Vlan