CHIMAY | De 2003 à 2013, l’Orchestre royal de Chambre de Wallonie a bénéficié du dynamisme et de la renommée de son précédent directeur musical, Augustin Dumay. En 2014, Frank Braley lui a succédé avec un bel enthousiasme. Pianiste de très grande valeur, invité à se produire dans le monde entier, professeur au Conservatoire de Paris, il sera à Chimay ce 23 février sur la scène du château pour proposer un beau concert.
V ous avez été à la tête de l’ORCW pendant deux années en binôme avec votre prédécesseur, Augustin Dumay, avant d’en prendre totalement les rennes. Est-ce courant dans le milieu de la musique classique?
–Non. Mais il était logique et naturel qu’Augustin Dumay reste jusqu’à Mons 2015 vu qu’il avait participé en amont à son rayonnement. Et puis, j’avoue que c’était rassurant. Je connaissais bien l’orchestre mais, n’ayant jamais été chef d’orchestre, j’apprenais un nouveau métier et les musiciens étaient en première ligne. Ça leur donnait aussi confiance, je pense, d’avoir encore Augustin à leurs côtés. Cette expérience peu courante a été facile parce qu’Augustin et moi avions cette relation amicale qui a rendu cette collaboration harmonieuse.
Quelle est sa particularité par rapport à d’autres?
–Sa spécificité est sa culture du son. Travailler avec des maîtres comme Dumay, Wallez ou Hirschhon lui a permis de développer un son bien à lui. Il a aussi une très grande plasticité, est très éclectique, polyvalent et s’adapte à tous les répertoires. Il faut dire que chacun des musiciens qui le composent se nourrit d’autres projets musicaux et personnels, dans un registre large qui va du jazz au contemporain. Ils sont donc capables d’interpréter des choses très différentes. J’ai peut-être davantage mis en valeur cette qualité de polyvalence que mes prédécesseurs. Je suis curieux de nature, nourri moi aussi par pas mal de choses, j’aime prendre des chemins de traverse et eux sont partants pour me suivre.
Diriger un orchestre est comparable à la gestion d’une petite entreprise?
–L’ORCW est une petite entreprise, certes. À côté de l’équipe musicale, il y a l’équipe administrative et être consulté, comme je le suis, pour les prises de décision autres que musicales, est agréable. Un pianiste est un travailleur solitaire la plupart du temps et il est très intéressant de voir l’autre aspect de la musique: son côté administratif. Si je devais comparer ça à quelque chose, je le rapprocherais non pas du fonctionnement d’une entreprise mais d’une famille voire d’une équipe sportive. L’affectivité est un élément moteur. Certains musiciens jouent ici depuis tellement d’années. Des liens se créent forcément. Les moments d’osmose succèdent à des moments plus délicats. Le psychologique côtoie l’affectif. Comme dans une vraie famille.
Comment monte-t-on une saison?
–Dans mes nombreuses missions à la tête de l’ORCW, les concerts sont la partie émergée de l’iceberg tandis que travailler sur une programmation en est sa partie immergée. Une programmation relève de l’équilibre, un jeu de construction, et c’est plutôt amusant. Je réfléchis aux programmes, aux invités, aux pièces interprétées. Il ne suffit pas non plus d’y penser, faut-il encore que les invités et les salles soient disponibles. J’aime réinviter des solistes déjà venus par le passé parce que c’est toujours un plaisir de les retrouver, j’aime inviter de nouveaux intervenants extérieurs. C’est une source de respiration pour les musiciens, les nouveaux solistes amènent d’autres choses à l’orchestre. Il faut penser aussi bien au groupe qu’au public et amener chacun à sortir de sa zone de confort.
L’orchestre a fêté ses 60 ans en 2018. Serez-vous là pour fêter le 70e anniversaire?
–J’espère faire partie des invités sur scène, comme lors de la soirée du 60e anniversaire en décembre 2018, mais je n’en serai plus le chef d’orchestre. C’est une certitude.
Sandra Zatloukal
Le 23/2 à 19h30 au Château, rue du Château, 14 à Chimay. Téléphone? 060214531
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