Ahmed Laaouej: «J’ai failli aller à Jette ou Schaerbeek!»

ARTICLES JOURNAL VLAN  mardi 8 janvier 2019 Vlan

KOEKELBERG | Nouveau bourgmestre de Koekelberg, le socialiste Ahmed Laaouej est issu de l’immigration marocaine venue travailler dans les mines de charbon en Belgique. Il évoque sa jeunesse en région liégeoise, son choix de s’installer à Koekelberg, son parcours qui l’a mené jusqu’au Sénat et ses projets pour sa commune.

Lors des dernières élections communales, outre une forte poussée des Verts, la grande surprise en région bruxelloise est venue de Koekelberg. La Liste du Bourgmestre de Philippe Pivin s’est retrouvée dans l’opposition en ne recueillant plus que 39% des voix et 12 sièges. Permettant ainsi à une coalition alternative (de 15 sièges) de se former autour du PS d’Ahmed Laaouej (avec Ecolo et une émanation du cdH). Député, celui que le PS verrait bien comme prochain ministre fédéral des Finances, s’attarde sur son passé, ses lieux de prédilections à Koekelberg ainsi que les futurs projets pour sa commune.

Fratrie de six enfants

Ahmed Laaouej sera bientôt âgé de 50 ans. Désormais à la tête de la commune de Koekelberg, il est aussi devenu le premier bourgmestre d’origine maghrébine en région bruxelloise. «Papa est venu travailler en région liégeoise dans les années 60 dans les charbonnages, à Blégny-Trembleur dans le pays de Herve», confie-t-il. «Ma maman est arrivée plus tard en Belgique, en 1969, l’année de ma naissance. Je suis le 5e d’une fratrie de six enfants, 3 garçons et 3 filles, le premier à être né en Belgique». Ahmed Laaouej suivra toute sa scolarité en région liégeoise. «D’abord à l’athénée de Jupille, où Willy Demeyer a aussi fait ses études. Puis, j’ai fait le droit à l’université de Liège et obtenu une maîtrise en droit fiscal qui sera déterminante dans toute ma carrière professionnelle et politique. C’est en 1993 que j’entre au ministère des Finances comme inspecteur d’administrations fiscales».

De Liège à Koekelberg

En 1998, Ahmed Laaouej intègre l’inspection spéciale des impôts qui lutte contre la grande fraude fiscale et la criminalité financière. Ses bureaux se trouvent à Bruxelles. «Au début, je faisais la navette. Mais ma femme a aussi trouvé un travail à Bruxelles, dans le secteur bancaire. L’on s’est dit que passer chacun 3h par jour dans un train, ce n’était plus possible. On a donc décidé de s’installer à Bruxelles». Le choix se porte sur la commune de Koekelberg. «C’est en 1999 que je m’installe à Koekelberg. C’est la centralité du quartier Simonis et de sa station de métro qui m’a attiré vers cette commune. On est proche de tout, sans être dans le centre de Bruxelles. On a d’abord loué un appartement dans l’avenue de Jette, un peu plus loin que le Koek’s Théâtre. Après un bref passage au square de Noville, nous avons acheté un appartement dans l’avenue de la Basilique où nous habitons toujours».

Initiateur du chèque-sport

En 2000, il rejoint l’institut Emile Vandervelde, le centre d’études du Parti Socialiste installé au boulevard de l’Empereur.«C’est un moment décisif dans mon parcours de vie. J’y deviens conseiller d’Elio di Rupo pour les matières portant sur les finances publiques. La même année, je rejoins la section PS de Koekelberg et m’y implique directement car ce sont les élections communales. J’intègre la liste que mène Frédéric Degives à l’époque. J’y occupe la 14e place et obtiens 154 voix de préférence. J’ai été les chercher en faisant déjà, à l’époque, du porte-à-porte». En 2004, Ahmed Laaouej devient directeur de cabinet de Claude Eerdekens, alors ministre communautaire de la Fonction publique et des Sports. «J’ai exercé cette fonction durant les trois ans de son mandat, de 2004 à 2007», se souvient-il. «J’ai notamment été l’initiateur des chèques-sports pour permettre aux enfants défavorisés de pratiquer du sport».

Chef de groupe PS

En 2006, Ahmed Laaouej se retrouve à nouveau candidat aux communales à Koekelberg.«Je suis alors 2e sur la liste du PS, derrière Monique Discalcius et j’obtiens 456 voix de préférence». En 2007, il retourne à l’Institut Emile Vandervelde comme conseiller politique. En 2010, avec le soutien d’Elio di Rupo, il devient sénateur coopté.«Je dois avouer que j’ai rapidement pris goût au travail parlementaire». En 2012, pour la première fois, il est tête de liste aux communales de Koekelberg. «Le PS passe de 6 à 8 sièges avec 1/3 des voix de la commune. Mais ce n’est pas suffisant pour être intégré dans une majorité. J’ai continué à faire du travail de terrain auprès des habitants, mais aussi d’opposition constructive reconnue par tout le monde». Lors des élections fédérales du 25 mai 2014, il occupe la 4e place sur la liste PS à la Chambre des représentants pour l’arrondissement de Bruxelles. «C’est l’année de la confirmation. Je fais mon siège de député avec près de 13.000 voix de préférence. Je réalise le 7e score individuel, tous partis confondus, sur Bruxelles. En septembre 2017, j’y suis devenu Chef de Groupe PS en remplacement de Laurette».

Jette ou Schaerbeek

Lors des élections communales du 14 octobre 2018, Ahmed Laouej tire la liste PS de Koekelberg. «Je me suis présenté comme candidat-bourgmestre et le résultat des urnes s’est montré clair. L’assemblage de la Liste du Bourgmestre (LB) qui était hétéroclite avec 5 formations différentes (MR, DéFI, sp.a, CD&V, Open VLD) et des candidats indépendants n’a recueilli que 38% des voix. Cela signifie que 62% des électeurs n’ont pas voté pour ce bloc et qu’il y avait une volonté d’alternance». Le soir même, une majorité alternative est formée entre le PS, Ecolo et le cdH. Ahmed Laaouej, proposé comme bourgmestre, prête serment le 26 novembre. Il sourit, en se remémorant le passé. «A certains moments, on a voulu me faire déménager vers des communes plus grandes, comme Schaerbeek ou Jette, pour y reprendre le flambeau. Mais même si j’aime ces communes, je ne me voyais pas tourner le dos à Koekelberg où je me sens chez moi».

Soutien à la jeunesse

Quelles sont ses priorités pour sa commune? «Plus de démocratie participative, des implications citoyennes, de la cohésion sociale, et surtout plus d’encadrement de la jeunesse. La priorité sera portée sur le soutien scolaire. Les seniors ne seront pas oubliés. Je veux faire de Koekelberg un endroit où il fait bon vivre avec des loisirs, de la propreté et de la sécurité. Je veux y réduire au maximum le nombre d’échecs scolaires, pouvoir relancer de grands événements populaires en profitant du parc Elisabeth et développer une politique de Mobilité pour y rendre le trafic plus fluide en concertation avec la Région. Les embarras de circulation sont devenus insoutenables pour les riverains et l’air beaucoup trop pollué. Je souhaite aussi initier un pôle touristique dans le nord-ouest de Bruxelles en concertation avec d’autres communes. On pourrait notamment y intégrer le Belgian Chocolate Village, mais dans le cadre d’un projet repensé».

Lieux de prédilection

Et que pense-t-il de sa commune? Quels sont ses lieux de prédilection? «Je m’y sens bien. J’aime son côté village, son cadre de vie. On y trouve un beau parc Elisabeth. Et puis, il y a sa centralité. Le dimanche, il y a le marché de Jette. J’y vais souvent. Tout comme à la chaussée de Gand pour y faire quelques emplettes. Dans mon bassin de vie, il y a aussi la place Schweitzer. Je fais également mes courses au Basilix et au Carrefour qui se trouvent au bout de l’avenue Charles Quint. Parmi mes stampcafés et restos, il y a le Buffalo Burger sur la place Simonis qui a récemment ouvert. J’y vais en famille. Il y a aussi le Vintage, sur la place Vanhuffel, où l’on mange bien. Je vais encore aux Délices de Bastogne».

Ahmed Laaouej qui a mis fin à 37 années de règne de la famille Pivin sur Koekelberg et que beaucoup attendent au tournant.

Propos recueillis par Julien SEMNINCKX

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