Qualités atténuantes

ARTICLES JOURNAL VLAN  mercredi 14 mars 2018 Vlan

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Dans la prétention ordinaire qu’ont les Belges à exceller en amour, une entreprise de sondage vient de sonder nos cœurs et nos reins afin de déterminer l’idéal que nous nous faisons de la séduction. Au rayon des Dames, les hommes font preuves d’un coupable conformisme en traçant, de la femme, un portrait-robot pour le moins sans imagination. Pour le Belge, la femme idéale sera souriante, spontanée, drôle et intelligente. Et riche en plus! Si ce n’est pas dit, c’est supposé. Elle aura une silhouette élancée et se vêtira d’un tailleur classique ou, à la rigueur, d’une minijupe. Et elle devra évidemment se dévêtir en dessous coquins qui ne laissent que peu de place à l’imagination. Autant dire que nous n’avons pas inventé l’originalité.

Au rayon des messieurs, les femmes avancent un point de vue nettement plus original. Ce qu’elles veulent, c’est plutôt un beau sourire qu’un corps musclé. L’homme idéal doit être «naturel» et surtout «honnête». Très important l’honnêteté! 90% des femmes, paraît-il, y succombent. Prenons note, c’est toujours bon à savoir. Nul besoin donc d’être particulièrement beau ou sexy car les qualités morales y suppléent largement. Mais les femmes sondées n’en restent pas là et exigent trois qualités supplémentaires à l’engeance masculine. Elles nous souhaitent « gentils, courageux et drôles ». Nous voilà ravalés au rang des braves besogneux rigolos. Finalement, c’est plutôt rassurant.

L’éternel féminin étant ce qu’il est, leurs souhaits n’excluent pas une certaine duplicité. En effet, dès lors qu’on leur demande de préciser un peu plus leur idéal masculin, elles font suivre ces trois qualités de quelques menus défauts qu’elles semblent avoir décelés en nous tels que « l’égoïsme, l’ambition et le machisme ».

Misère de misère! Nous voilà cette fois pendus au grand gibet des sondages. Il ne nous reste plus qu’à maudire nos juges comme la coutume nous y autorise. Ou, à défaut, d’entrer sur la rude voie du repentir affecté et de l’affliction hypocrite. Je suis un homme mais je me soigne.

Supposons un instant, juste pour rêver, que par un sondage bien fait, nous accordions aux femmes les mêmes défauts et qualités. Il ne fait pas de doute que la faute serait avérée et le crime constitué dans toute l’horreur d’une abominable agression sexiste. Nous ne le ferons donc pas. Et nous tenterons de continuer à survivre, en marchant d’un pas lourd, ployant sous le fardeau de nos turpitudes, vers un avenir radieux garant de notre rédemption. Et les femmes n’auront plus besoin de nous chercher, en permanence, des qualités atténuantes.

Richard Villers

Vlan

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