EGHEZÉE | Ces 2 et 3 mars, la Chapelle Musicale de Francquenée a été inaugurée avec faste et en musique. L’occasion d’une rencontre avec Olivier Moinnet. On ne compte plus ses nombreux projets menés à bout de bras dans la commune.
Après avoir travaillé plus de 15 ans comme indépendant, Olivier Moinnet a décidé, lorsqu’il est devenu échevin en 2009, de ne plus se consacrer qu’à la gestion publique. Il est actuellement échevin de la commune d’Eghezée, en charge des finances mais également à l’origine et en charge du projet de restauration de la Chapelle Saint-Pierre de Francquenée en Chapelle Musicale, au profit de l’académie de musique d’Eghezée.
La chapelle musicale de Francquenée est devenue un outil au service de l’académie d’Eghezée. Quelle est la genèse de ce projet?
La genèse de ce projet remonte au XIè siècle. À cette époque, il y avait déjà une église sur le site actuel de la chapelle de Francquenée. Après avoir été laissée à l’abandon pendant plusieurs décennies, j’ai proposé en 2009 au collège d’Eghezée de restaurer cette chapelle qui fut par ailleurs classée comme monument en 1992. Mais avant de décider une restauration aussi ambitieuse, il nous fallait lui trouver une affectation toute aussi ambitieuse. À cette époque-là, notre académie de musique, forte de 800 élèves, était en manque de locaux. Je fis visiter le site à Marc Maréchal, directeur de l’académie d’Eghezée, qui s’enthousiasma. Le projet était ainsi lancé.
Pourquoi vous être impliqué dans un tel projet?
Pour de multiples raisons. Tout d’abord parce que nous n’avons pas le droit de laisser mourir ces édifices classés, témoignages de notre histoire collective. Ensuite parce que j’habite le hameau de Francquenée, entre Taviers et Boneffe (Eghezée) et qu’il me devenait insupportable de la voir péricliter. Bien évidemment le fait que mes beaux-parents étaient déjà à l’origine de la création d’un comité de quartier visant à protéger l’édifice compta probablement. Dans les années 80 et 90, ce comité mobilisa les énergies locales en vue de restaurer vaille que vaille cet édifice déjà fortement endommagé. M’impliquer dans ce projet coulait donc de source. Mais ce qui me motiva par-dessus tout, c’est de savoir que cet édifice serait dédié à la jeunesse et à la culture. Mon épouse, organiste, et mes trois enfants ont fréquenté l’académie. C’était peut-être ma manière à moi de dire merci à tous ces professeurs qui, au quotidien, investissent tant d’énergie au profit de notre jeunesse.
Quels sont les aménagements qui ont été apportés à l’édifice original?
La réfection du bâtiment fut complète. L’énumération va être kilométrique: un gradin pour 70 places, un chauffage par le sol (pompe à chaleur), un superbe triple vitrage en vitraux coulé à la pièce en France par Saint-Gobain, des stores occultants, un nouveau revêtement de sol, un important câblage électrique mais également scénique (son et lumière), la création d’un baldaquin métallique destiné à recevoir les enceintes et lumières de scènes, un écran cinéma et un projecteur, des tables de mixage son et lumière, des rideaux de scènes et de salle, des sanitaires, de l’égouttage, une arrivée d’eau et un renforcement électrique, un piano à queue à demeure, une ventilation double flux insonorisée. Et je pourrais continuer longtemps encore. En résumé: tout est nouveau. Tout est professionnel. Tout est au top. À 100%.
Comment un tel projet se mène-t-il?
Avec beaucoup de patience et de détermination. Le chantier a duré 28 mois, jour pour jour. Il demanda également une phase de préparation importante car il s’agissait d’un bâtiment classé et les accords du patrimoine étaient indispensables. Une fois le chantier commencé, il nous a également fallu parer à toutes les surprises, bonnes ou mauvaises. La charpente était en très bon état mais on a dû reconstruire la moitié du mur de façade avant. À chaque étape du chantier, des choix importants sont à prendre. C’est finalement de la justesse de ces choix que dépend la qualité de la restauration. Et à en juger par la satisfaction des visiteurs lors de l’inauguration, on peut s’accorder sur un fait: ce fut un chantier exemplaire. L’acoustique est fantastique, quasi irréprochable et les aménagements de très grande qualité. Mais si je suis personnellement très heureux de cette réalisation, je ne suis pas naïf. Sans les architectes, les services du patrimoine, sans notre ingénieur communal et les sociétés hyper professionnelles qui se sont investies pour ce chantier, la perfection n’aurait jamais été atteinte. On n’est rien tout seul. Mais on est quand même tous très importants, pris isolément ou collectivement.
Comment va-t-elle être exploitée? Y a-t-il un agenda des événements qui vont y être organisés?
C’est l’académie de Musique d’Eghezée qui a récupéré la Chapelle au terme de ce week-end inaugural. C’est donc elle qui gérera l’agenda et les horaires liés à ce nouveau outil pour l’académie. À entendre les différents professeurs et élèves qui s’y sont succédé, je pense que le directeur devra faire des choix car ils sont désormais très nombreux à vouloir donner cours dans la chapelle mais à vouloir également y faire des auditions ou des concerts. Et cela, c’est sans compter sur toutes les opportunités qui vont se révéler par le seul fait de l’existence de cette chapelle musicale. La chapelle sera en outre accessible pour l’organisation de rencontres culturelles ou villageoises. Notre objectif commun est avant tout de faire vivre au maximum cet édifice, vitrine de notre académie mais également de notre commune et de sa vivacité.
V.L.
Vlan