Vu la place que prennent les jeux vidéos dans nos vies, il n’est pas étonnant de voir le gaming se professionnaliser. Si chez nous, l'e-sport se fait, petit à petit une place, certains Belges en ont déjà fait leur gagne-pain depuis de nombreuses années. Aujourd'hui, nous partons à la rencontre de Kevin "Ex6TenZ" Droolans, 30 ans et sans conteste notre plus grande légende et meilleur ambassadeur au niveau international. Découverte.
Quel est
ton métier ?
J'étais joueur professionnel de Counter-Strike et je viens de changer pour Valorant, le nouveau jeu créé par Riot (NDLR: entreprise américaine d'édition et de développement de jeux vidéo).
Depuis
quand exerces-tu ?
Je gagne ma vie avec Counter-Strike depuis 2008 !
D’où te
vient cette passion ?
Je suis un compétiteur dans l'âme, j'ai toujours eu ça dans le sang. Si on m'avait inscrit dans un club de football, je pense que j'aurais pu passer pro, à quel niveau je ne sais pas. Mon père m'a fait aimer la compétition. Il m'a donné une certaine hargne, le goût de l'effort, l'esprit de tueur à avoir. Et de mon côté je n'ai pas eu peur de faire les sacrifices nécessaires pour que ça marche.
Comment
devient-on joueur professionnel ?
En s'entraînant beaucoup, en mettant tout en place pour que ça fonctionne et en ayant une envie profonde de le devenir. D'un point de vue plus pratique, on rejoint d'abord une équipe de bas niveau, on fait des tournois pour se faire remarquer et ensuite les choses peuvent aller très vite. Si vous êtes performant, vous rejoignez une structure qui vous met en valeur, qui vous explique l'attitude à adopter etc. Et c'est parti !
Mais retenez que si vous avez le niveau, on vous prendra par la main et les choses se feront d'elles-mêmes.
Quel est le
quotidien d’un joueur professionnel ?
À l'heure actuelle, ça donne: sport le matin, entraînement individuel et en équipe durant la journée. Les jours de matchs officiels, on joue plutôt le soir et on s'entraîne un peu moins pour rester lucide pendant la compétition. En résumé, ça donne donc du 10 heures de travail par jour facilement sans compter les tournois dans le monde entier selon le planning.
Un parallèle est-il possible avec un autre sport ?
On va dire que comparativement au foot par exemple où la fatigue physique te force à t'entraîner un certain nombre d'heures, dans l'e-sport, tu peux rajouter deux ou trois heures je pense ! Mais il faut aussi savoir souffler car sinon on se confronte à une grosse fatigue mentale et attention au burn out.
On est donc
loin du cliché du geek à lunettes qui mange des chips devant son écran ?
Ho que oui. C'est passé depuis longtemps ça.
Où se situe
la Belgique par rapport à l’e-sport mondial ?
Assez bas. C'est encore un domaine très peu connu chez nous, c'est bien plus populaire dans les pays nordiques, les pays de l'est, l'Asie, le Brésil, L'Amérique en général... Cela dit, l'évolution est quand même grande par rapport à il y a quelques années. On ne nous voit plus comme des ovnis. Les gens sont plus curieux voire impressionnés par les grosses compétitions dans des stades avec des gros gains à la clé (NDLR : 34 millions de dollars pour une compétition de 10 jours sur le jeu Dota 2 en 2019) et notre style de vie atypique!
Que
dirais-tu pour convaincre quelqu’un que l’e-sport n’est plus ce qu’il
était ?
Venez voir les gros tournois.
Où en es-tu
dans ta carrière ?
Je viens de passer sur Valorant, le nouveau jeu de Riot. Et je vais faire de mon mieux pour faire quelque chose de bien.
L’e-sport
bientôt aux Jeux olympiques ?
Pas demain la veille mais l'e-sport n'a pas besoin des JO donc aucun souci !
Benoît Dekeyzer